Il y a 8 ans, Lucie van der Linden a lancé un projet de Mini Ferme commune dans l’EEAP Clairefontaine (IME) en Seine-et-Marne. Pour les enfants polyhandicapés qui y participent, c’est l’occasion de s’exprimer sans jugement ni enjeu.
Si vous approchiez au printemps de l’établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés (EEAP) Clairefontaine vous pourriez sûrement sentir de douces fragrances vous chatouiller les narines. Depuis 2011, l’éducatrice Lucie Van der Linden y a développé une petite ferme thérapeutique. Les enfants viennent y planter des aromates, cueillir les légumes et s’occuper des animaux. Pour ces jeunes gens lourdement handicapés, le jardinage accompagne la réalisation d’objectifs personnels. Entre autres, ils travaillent sur leur concentration ou la gestion des émotions. La réussite du projet enthousiasme son organisatrice : “les enfants adhèrent. On voit que l’environnement leur plaît et qu’ils évoluent bien ».
S’exprimer librement
En assistant au travail des enfants dans la Mini Ferme, nous ne pourrions pas ignorer l’expression d’un profond sentiment de liberté. Les jeunes jardiniers la traduisent par le mouvement. Chacun agit à son échelle, de la large pelleté de terre au frémissement des doigts dans un pelage de lapin. C’est l’occasion pour certains de développer leur motricité. D’autres profitent de la répétition de mouvements stéréotypés pour focaliser leur attention. Dans un second temps, l’éducatrice nous explique “C’est un espace exutoire. On est dehors, on peut crier ”. En effet, ces enfants peuvent faire des mouvements brusques, faire tomber la terre ou faire voltiger les graines. Ils n’y a pas d’enjeu de réussite.
Egalité entre les jardiniers
Au sein de la Mini Ferme, ces jeunes évoluent. Lucie Van der Linden observe ainsi qu’il “n’y a pas de jugement. Les animaux et les plantes se moquent royalement du handicap”. Ces enfants ne sont pas regardés par des yeux humains chargés d’empathie. Les animaux et les végétaux interagissent indifféremment avec les enfants ou les professionnels. Ainsi, si le climat n’est pas propice, que le jardinier soit handicapé ou non, la plante ne poussera pas. Cela les place sur un pied d’égalité. De surcroît, la majorité des enfants qui participent, ne maîtrise pas l’expression orale. Les jeunes partagent donc une forme de communication non-verbale, plus corporelle, avec les animaux.
À présent, se pose la question de l’avenir de la Mini Ferme. Si les moyens humains et financiers restent encore une limite, la vision rassembleuse du projet donne à rêver. “On voudrait créer un espace où les gens pourraient se rencontrer, handicap ou non, pour partager un même centre d’intérêt”, nous confie l’éducatrice, enthousiaste. Au vu de l’épanouissement suscité par le projet, nous ne pouvons qu’être de tout cœur derrière elle.